Ukraine : L'Euro 2012 face à Timochenko

Ioulia Timochenko purge une peine de sept ans de prison pour abus de pouvoir dans une affaire de contrat gazier défavorable à l'Ukraine: le pouvoir l'accuse d'avoir violé la loi dans le cadre des négociations avec la Russie, en 2009, lorsqu'elle était Première ministre. "Depuis trois mois, le procureur général adjoint s'est rendu plusieurs fois à Bruxelles et à Londres pour expliquer que ma mère était une criminelle", soupire Evguenia Timochenko, 32 ans, qui partage les traits de sa mère et son goût pour les vêtements de marque.

Ainsi, dans l'espoir d'améliorer son image, le gouvernement Ukrainien s'est offert les services d'une agence de relations publiques internationale, active à Paris, Berlin, Londres, Bruxelles, Washington. "Initialement, le pouvoir voulait simplement empêcher Mme Timochenko de participer aux élections législatives d'octobre 2012", raconte Vladimir Fesenko.

A l'heure du championnat d'Europe des nations, le combat que se livrent à nouveau Ianoukovitch et Timochenko, c'est un peu "le match dans le match", comme on dit au foot. A Paris, la ministre de la Jeunesse et des Sports, Valérie Fourneyron, a annoncé la mise en place d'un boycott soft, afin de marquer la préoccupation de la France "vis-à-vis de la situation de Mme Timochenko et du respect des valeurs européennes": aucun membre du gouvernement n'assistera aux rencontres des Bleus, qui joueront deux de leurs trois matchs de poule à Donetsk, fief du président Ianoukovitch.

Pays de 45 millions d'habitants situé à la charnière de l'Union européenne et de l'ancien empire russe, l'Ukraine est aussi paralysée que le flot de voitures rue Volodymyrska. Son économie, laminée par la crise de 2008, n'a pas retrouvé son essor d'antan ; sa politique étrangère est empêtrée : pas d'accord d'association Ukraine-Union européenne en vue, froid persistant avec Moscou.

"L'important, c'est que personne n'a envie que le pays éclate", rappelle Alexandre Paskhaver, la soixantaine, jadis conseiller économique de Leonid Koutchma, président de 1994 à 2005, puis de Viktor Iouchtchenko, en fonctions de 2005 à 2010.